La grippe grimpe, la poussée de fièvre guette les hôpitaux pendant les congés de Noël
L'épidémie de grippe, en pleine ascension dans l'Hexagone, pourrait avoir un "fort impact" sur les hôpitaux pendant les fêtes, selon des projections inédites de l'Institut Pasteur et de Santé publique France, qui ont développé un nouvel outil pour éclairer la politique sanitaire.
À quelques jours des vacances scolaires de Noël, "la carte de France hexagonale est complètement rouge" pour la grippe: l'ensemble des régions, Corse comprise, est en épidémie, a observé le Dr Bruno Coignard, directeur de la direction des maladies infectieuses à SpF, lors d'une conférence de presse.
Consultations en médecine de ville, passages aux urgences, tests positifs: les différents indicateurs sanitaires liés à la grippe continuent à augmenter.
Si l'épidémie hivernale, portée jusqu'ici principalement par des virus de type A (H1N1 et H3N2), a démarré un peu précocement, la dynamique est jusqu'ici similaire à celle des saisons précédentes, 2023-2024 et 2022-2023, a noté le Dr Coignard.
En France, la saison 2024/2025 a été particulièrement sévère: plus de 17.000 décès, contre 9.000 à 10.000 en moyenne habituellement, 30.000 hospitalisations et une centaine de "plans blancs", dispositif permettant de déprogrammer des opérations ou de rappeler des personnels en congés.
Les plus de 65 ans, les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées ou avec des maladies chroniques restent les plus à risque de forme grave. L'ex-Premier ministre François Bayrou, 74 ans, a ainsi été hospitalisé ces derniers jours pour "une grippe très sévère".
Outre-Manche, le Royaume-Uni fait face à une "vague sans précédent de super grippe", selon le service de santé public britannique.
Nouveauté cette année dans l'Hexagone: un outil de modélisation, développé par l'Institut Pasteur et Santé publique France et réactualisé chaque semaine, pour aider les autorités sanitaires et les soignants à anticiper la trajectoire de l'épidémie.
Cette combinaison de modèles fournit des scénarios sur la dynamique de circulation de la grippe, au niveau national et régional, à l'horizon de quatre semaines, mais aussi sur la période probable de survenue du pic de l'épidémie.
La première version "anticipe une croissance des passages aux urgences pour syndrome grippal" à l'approche de Noël, avant une décroissance au tournant de l'année, notamment sous l'effet -décalé- d'une baisse de transmission liée à la fermeture des écoles pendant les vacances, ont résumé les deux institutions.
- "Nouvel outil" -
"La performance du modèle peut être variable", a noté lors d'une conférence de presse Juliette Paireau, qui travaille sur la modélisation mathématique des maladies infectieuses à l'Institut Pasteur et à SpF: "pour des saisons qui ressemblent au passé, le modèle est le plus performant; pour des saisons très différentes, le modèle aura plus de difficultés à anticiper la dynamique".
Et ce modèle ne tient pas compte, pour l'instant, des taux de vaccination chez les personnes à risque de formes graves, ni du degré d'efficacité du vaccin de la saison -variable selon les souches virales dominantes-, ni des sous-types de virus circulant le plus.
"C'est un nouvel outil" et "ça fait partie de nos pistes d'amélioration", a précisé Simon Cauchemez, responsable de l’unité de modélisation à l'Institut Pasteur.
Vu les prévisions et "malgré le degré d’incertitude élevé inhérent à la modélisation de l’activité grippale", les deux institutions ont déjà prévenu d'"un fort impact à anticiper à l’hôpital durant la période des congés de fin d’année".
Le pic de l'épidémie grippale est, à ce stade, attendu plutôt dans la semaine de Noël, avec "15% de chance qu'il ait lieu en semaine 51, 70% en semaine 52 et 12% en semaine 1", celle du 31 décembre, à cheval entre la fin 2025 et le début 2026.
Mais "une grande incertitude" persiste sur son "ampleur", a précisé Juliette Paireau.
À ce stade, on ne peut pas exclure une reprise de l'épidémie après les vacances de Noël, comme dans la saison 2023-2024, ou plus tard comme en 2022-2023.
À l'approche des fêtes, propices à des rassemblements, il encore temps de se faire vacciner et les gestes barrières (masques, etc.) restent recommandés, martèlent les autorités, comme la ministre de la Santé Stéphanie Rist mercredi soir sur BFMTV.
A.Maggiacomo--LDdC