La Domenica Del Corriere - Procès Péchier: la perpétuité requise contre "le docteur la mort"

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Procès Péchier: la perpétuité requise contre "le docteur la mort"
Procès Péchier: la perpétuité requise contre "le docteur la mort" / Photo: SEBASTIEN BOZON - AFP/Archives

Procès Péchier: la perpétuité requise contre "le docteur la mort"

Pour l'accusation c'est le "docteur la mort", un "tueur en série" aux crimes "hautement pervers": la réclusion criminelle à perpétuité a été requise vendredi à Besançon contre l'anesthésiste Frédéric Péchier, jugé pour 30 empoisonnements de patients, dont douze mortels.

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"Parce que les crimes reprochés à Frédéric Péchier sont hautement pervers, parce qu'il a agi sournoisement et par le biais de la médecine pour duper tout le monde, parce que Frédéric Péchier a commis l'irréparable, tuant de sang froid 12 personnes, et manqué de tuer 18 personnes, (...) nous requérons la peine maximale", a déclaré l'avocate générale Christine de Curraize devant la cour d'assises du Doubs.

Elle a demandé une période de sûreté de 22 ans - soit le maximum prévu par le code pénal pour ces faits - ainsi qu'une interdiction définitive d'exercer la profession de médecin envers celui qu'elle a qualifié de "tueur en série".

Frédéric Péchier est l'"inventeur du crime à double lame: la mort physique du patient et l'atteinte psychique lente et insidieuse de ses confrères, jusqu'à les conduire à la disgrâce", a asséné la magistrate.

Le médecin de 53 ans, qui n'a cessé de clamer son innocence, est accusé d'avoir empoisonné 30 patients âgés de 4 à 89 ans, dont 12 sont morts, entre 2008 et 2017 dans deux cliniques de Besançon.

 

Selon elle, si Frédéric Péchier n'a pas avoué, c'est qu'il est "complètement verrouillé par sa famille" car ses proches ont dit qu'ils le "renieraient, lui cracheraient dessus, le priveraient de ses enfants" s'il était coupable, avertissant que "leur amour n'est pas inconditionnel".

Une tirade fougueuse qui a déclenché les applaudissements du public, vite rappelé à l'ordre par la présidente de la cour Delphine Thibierge.

- Impassible -

Frédéric Péchier est resté impassible tout au long de cette journée où la tension est montée crescendo.

En fin de matinée, l'autre avocate générale, Thérèse Brunisso, a eu la voix brisée en concluant son énumération des empoisonnements imputés à l'anesthésiste - signe de l'émotion provoquée par plus de trois mois d'audience intense et technique, ponctués de témoignages poignants.

Pendant deux jours, les deux avocates générales se sont efforcées de convaincre les jurés que chaque cas de cette "affaire totalement hors norme" est bien un empoisonnement et que "tout converge" vers le médecin de 53 ans.

Frédéric Péchier "n'a cessé de mentir, de varier dans ses déclarations, soutenant au-delà de la raison des positions intenables", a déroulé Christine de Curraize, regrettant qu'il n'ait "pas su évoluer face aux avancées de l'enquête".

- "Soif de puissance" -

Selon l'accusation, le praticien a pollué des poches de perfusion avec du potassium, des anesthésiques locaux, de l'adrénaline ou encore de l'héparine, pour provoquer un arrêt cardiaque ou des hémorragies chez des patients pris en charge par des confrères.

Son objectif: "atteindre psychologiquement" des soignants avec lesquels il était en conflit et "nourrir sa soif de puissance".

Pendant cette terrible charge, Frédéric Péchier est resté imperturbable, relisant ses notes, aux côtés de sa sœur Julie Péchier et de Randall Schwerdorffer, ses deux conseils.

Depuis l'ouverture du procès, où il comparaît libre, il a admis qu'un empoisonneur avait bien sévi dans l'une des deux cliniques privées où il a travaillé, mais a constamment répété qu'il n'était pas cet empoisonneur.

Pour Mme de Curraize, "Frédéric Péchier apparaît d'une dangerosité criminelle extrême", raison pour laquelle elle a requis la perpétuité.

"Personne ne s'attendait à autre chose", a sobrement commenté l'avocat de Frédéric Péchier, Randall Schwerdorffer. Il aura la parole lundi et plaidera l'acquittement, lors de la dernière semaine de ce procès qui "a été très difficile, parfois même très violent, ce qui est très inhabituel dans un procès pénal".

Le verdict est attendu d'ici le 19 décembre.

A.Dodaro--LDdC