Nobel: incertitudes pour la première apparition attendue de l'opposante vénézuélienne Machado depuis 11 mois
La venue de l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado à Oslo pour recevoir le Nobel de la paix est toujours entourée de mystères, sa conférence de presse prévue mardi ayant été repoussée à une heure indéterminée.
Étape traditionnelle des festivités Nobel, cette conférence de presse devrait être la première apparition publique de l'opposante de 58 ans depuis 11 mois, au risque d'être déclarée fugitive par les autorités vénézuéliennes pour avoir quitté son pays.
"La conférence de presse avec la lauréate du prix Nobel de la paix Maria Corina Machado, prévue aujourd'hui à l'Institut Nobel norvégien, va être repoussée", a indiqué l'Institut Nobel dans un message aux médias, sans fournir les motifs de ce report.
"Tout indique que nous réussirons à organiser une conférence de presse aujourd'hui", a ensuite précisé auprès de l'AFP le porte-parole de l'institut, Erik Aasheim.
Ce faux départ survient au milieu d'interrogations sur la possibilité pour Mme Machado de venir recevoir en personne son Nobel mercredi dans la capitale norvégienne.
Empêchée de se présenter à la présidentielle de juillet 2024 au Venezuela, l'opposante s'est réfugiée dans la clandestinité dans son propre pays quelques jours plus tard.
A quelques heures du début du programme Nobel, on ignore encore si elle a réussi à rejoindre le pays scandinave.
Le président du comité Nobel, Jørgen Watne Frydnes, a affirmé mardi matin à l'AFP que sa venue était "plus ou moins" confirmée.
Mme Machado est apparue pour la dernière fois en public lors d'une manifestation à Caracas le 9 janvier dernier, contre l'investiture du président de gauche Nicolas Maduro pour son troisième mandat remporté dans des conditions contestées.
L'opposition, les États-Unis et une partie de la communauté internationale ne reconnaissent pas ces résultats.
- Sa famille déjà à Oslo -
Le prix Nobel de la paix a été attribué le 10 octobre à Mme Machado pour ses efforts en faveur d'une transition démocratique au Venezuela, dirigé depuis 2013 par Nicolas Maduro.
Le mois dernier, le procureur général du Venezuela, Tarek William Saab, a dit à l'AFP qu'elle serait considérée comme "fugitive" si elle quittait son pays pour recevoir le Nobel.
Le ministre vénézuélien de l'Intérieur, Diosdado Cabello, a déclaré lundi ne "rien" savoir sur ce voyage annoncé.
La cérémonie de remise du Nobel elle-même aura lieu mercredi à 13H00 à l'Hôtel de ville d'Oslo.
De nombreux membres de sa famille, dont sa mère, ses trois sœurs et sa fille, ont fait le déplacement.
"Je ne l'aurais jamais imaginé. J'avais entendu et lu qu'on l'avait proposée", a raconté lundi à l'AFP sa mère de 84 ans, Corina Parisca de Machado, en se remémorant le jour où elle a appris que sa fille aînée avait remporté le Nobel. "J'ai pensé: 'Caramba! Quel jour merveilleux ce serait'".
Plusieurs dirigeants d'Amérique latine, dont le président argentin Javier Milei, sont également attendus à la cérémonie.
Rencontré lundi à Oslo, le président du Panama, José Raul Mulino, a expliqué à l'AFP que sa présence visait "à adresser de chaleureuses félicitations à cette héroïne de la démocratie, au peuple vénézuélien combatif", avec l'espoir de "rétablir le plus rapidement possible la démocratie au Venezuela".
Lieu de résidence traditionnel des lauréats Nobel, le Grand Hotel à Oslo est entouré d'un important dispositif policier.
Si elle est saluée par beaucoup pour ses efforts en faveur d'une démocratisation au Venezuela, Mme Machado est aussi critiquée par d'autres pour la proximité de ses idées avec le président américain Donald Trump à qui elle a dédié son Nobel.
La remise du prix coïncide avec la mise en place par les États-Unis d'un important dispositif militaire dans les Caraïbes et des frappes américaines mortelles sur des bateaux présentés comme se livrant à du trafic de drogue.
Nicolas Maduro assure que le véritable objectif de ces opérations, que Mme Machado estime justifiées, est de le renverser et de s'emparer des réserves pétrolières du Venezuela.
Si elle finit par apparaître à Oslo, se posera alors la question de la capacité de l'opposante à rentrer dans son pays.
R.Buglione--LDdC