La Domenica Del Corriere - Le milliardaire trumpiste Andrej Babis de retour au pouvoir en République tchèque

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Le milliardaire trumpiste Andrej Babis de retour au pouvoir en République tchèque
Le milliardaire trumpiste Andrej Babis de retour au pouvoir en République tchèque / Photo: Michal Cizek - AFP/Archives

Le milliardaire trumpiste Andrej Babis de retour au pouvoir en République tchèque

Le milliardaire trumpiste Andrej Babis a retrouvé le poste de Premier ministre de la République tchèque mardi, deux mois après des élections législatives remportées par son parti ANO et quatre ans après avoir perdu le pouvoir.

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M. Babis, 71 ans, qui avait déjà dirigé le pays de 2017 à 2021, a été officiellement nommé par le président Petr Pavel.

"Je promets à tous les citoyens de la République tchèque de défendre leurs intérêts, tant au niveau national qu'international", a-t-il déclaré face aux médias venus assister à la cérémonie d'investiture.

Ne disposant pas de la majorité suffisante pour gouverner seul - avec 80 sièges sur 200 -, il a signé un accord de coalition avec les partis eurosceptiques d'extrême droite SPD et de droite La Voix des automobilistes.

M. Babis, qui a fait campagne sur la promesse d'augmenter les prestations sociales et de réduire l'aide apportée à l'Ukraine, pour faire passer les Tchèques d'abord, a plaidé sa loyauté envers l'Union européenne au lendemain des élections.

Mais son retour au pouvoir pourrait signifier une inflexion plus critique vis-à-vis de Bruxelles et un rapprochement avec la Hongrie et la Slovaquie, qui ont refusé toute aide militaire à l'Ukraine et entravent les sanctions contre la Russie.

L'année dernière M. Babis avait confondé avec Viktor Orban, qui s'est félicité en octobre de sa victoire électorale, le groupe parlementaire eurosceptique "Patriotes pour l'Europe".

Après l'avoir un temps envisagé, M. Babis a toutefois rejeté la demande du SPD d'organiser un référendum sur la sortie de l'UE.

L'ancien communiste, qui a fait fortune dans les affaires, est notamment à la tête du conglomérat alimentaire et chimique Agrofert, fondé en 1993. Il est, selon le classement Forbes, la septième fortune de la République tchèque, un pays de 10,9 millions d'habitants, également membre de l'Otan.

- Conflits d'intérêts -

Né à Bratislava le 2 septembre 1954, il avait choisi la nationalité tchèque après la division de la Tchécoslovaquie en deux en 1993, et est entré en politique en 2011 en fondant le mouvement fourre-tout Action des citoyens mécontents (ANO, "Oui" en tchèque).

Après sa courte défaite aux législatives de 2021, il avait échoué à se faire élire président en 2023 contre Petr Pavel.

Ce dernier avait posé comme exigence pour le nommer chef du gouvernement de trouver une solution aux possibles conflits d'intérêts avec ses activités d'homme d'affaires.

La semaine dernière, M. Babis a donc annoncé qu'il allait transférer les activités de son conglomérat au sein d'une structure indépendante, en attendant que ses enfants en héritent, une décision dont M. Pavel s'est déclaré satisfait même si l'absence de détails suscite des interrogations compte tenu du passif du milliardaire.

Les accusations de malversations le concernant sont en effet tenaces, et ses adversaires lui reprochent de confondre les intérêts de la République tchèque avec ceux de son groupe.

M. Babis fait toujours face à des poursuites pour fraude aux subventions européennes en 2007, des accusations qu'il rejette en dénonçant une campagne de diffamation.

M. Babis a également dû faire face à des accusations selon lesquelles il aurait été un agent de la police secrète communiste dans les années 1980, ce qu'il dément obstinément.

Son équipe gouvernementale doit encore recevoir l'approbation de M. Pavel, qui a exprimé des réserves sur le choix pour le portefeuille de l'Environnement de Filip Turek, figure de proue de La Voix des automobilistes.

Celui-ci fait l'objet d'une enquête pour violences domestiques et viol, à la suite d'une plainte déposée par une ancienne compagne.

M. Turek a également fait l'objet d'une enquête de police pour avoir fait des saluts nazis, qui a cependant été classée sans suite. Les médias tchèques ont également publié des messages racistes et homophobes sur les réseaux sociaux attribués à M. Turek.

A.Mariani--LDdC