Le fils du cinéaste Rob Reiner a comparu devant la justice pour le meurtre de ses parents
Nick Reiner, inculpé du meurtre de son père, le cinéaste américain Rob Reiner, et de sa mère, la photographe Michele Singer, a comparu pour la première fois mercredi devant un tribunal de Los Angeles.
L'homme de 32 ans, poursuivi pour deux chefs d'accusation - meurtre au premier degré, assorti de la circonstance aggravante de meurtres multiples - s'est présenté devant le tribunal lors d'une très brève audience scrutée par les médias.
Le fils cadet du couple, en proie à des addictions depuis l'adolescence, doit comparaître à nouveau devant la justice le 7 janvier pour plaider coupable ou non-coupable.
"Il y a des questions très, très complexes et sérieuses dans cette affaire. Elles doivent être traitées de manière approfondie", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué publié mercredi, Jake et Romy Reiner ont qualifié la mort de leurs parents de "terrible et dévastatrice". "Les mots ne peuvent même pas décrire la douleur inimaginable que nous ressentons à chaque instant", ont-ils ajouté, demandant le "respect de leur vie privée".
Nick Reiner risque la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, ou la peine de mort. Le procureur du comté de Los Angeles, Nathan Hochman, a déclaré n'avoir pas décidé s'il comptait requérir la peine capitale, ajoutant qu'il tiendrait compte des souhaits de la famille des victimes.
- Poignardés -
"Les poursuites dans ces affaires impliquant des membres d'une même famille comptent parmi les dossiers les plus difficiles et les plus déchirants auxquels ce bureau est confronté, en raison de la nature intime et souvent brutale des crimes en question", a-t-il dit.
Peu après son entrée en fonction en 2019, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, avait instauré un moratoire sur les exécutions capitales, mais la peine de mort n'y est pas formellement abolie.
Rob Reiner, auteur entre autres du film "Quand Harry rencontre Sally", a été découvert mort dimanche après-midi au côté de son épouse dans leur maison de Brentwood, un quartier huppé de la métropole californienne.
Leur fils a été interpellé dans la soirée de dimanche et placé en détention sans possibilité de libération sous caution.
Rob Reiner, 78 ans, et son épouse, 68 ans, ont été poignardés à plusieurs reprises, selon l'accusation.
La veille, Nick Reiner avait perturbé une fête de fin d'année où il était invité avec ses parents, selon les médias américains. Le fils et son père s'y seraient violemment disputés, affirme le New York Times.
Nick, l'un des trois enfants du couple (Rob Reiner avait un autre enfant issu d'un premier mariage), vivait de façon intermittente chez ses parents et évoquait ouvertement sa toxicomanie.
Dans un podcast, il affirmait avoir suivi 18 cures de désintoxication durant son adolescence.
Nick Reiner livrait aussi des anecdotes sur son comportement instable. Une fois, a-t-il raconté en 2018 dans un autre podcast, après avoir passé des jours sans dormir sous l'effet de la cocaïne, il s'était mis à "frapper tout ce qui lui tombait sous la main" chez ses parents. Il s'est aussi parfois retrouvé à la rue ou dans des refuges.
C'est en s'inspirant de sa propre expérience qu'il avait coécrit un film réalisé par son père, "Being Charlie" (2015), qui raconte le difficile rétablissement d'un fils de célébrités ravagé par les drogues.
Cinéaste éclectique et citoyen engagé, Rob Reiner a eu une longue carrière à Hollywood, comme acteur et réalisateur.
En marge du cinéma, il était un militant de gauche, proche des démocrates. Il défendait le droit au mariage pour tous et était un critique virulent de Donald Trump.
Lundi, le président américain a attribué le meurtre du cinéaste à son antitrumpisme "enragé", un message qui a outré jusque dans le camp conservateur.
J.Padovano--LDdC